0,2 g/l de sang : nouveau taux réglementaire pour les conducteurs novices ? (Texte tiré du journal quotidien « Le Parisien )

Un rapport confidentiel, auquel nous avons eu accès, propose de limiter le taux autorisé pour les conducteurs novices à 0,2 g/l de sang au lieu de 0,5 g actuellement. Une mesure contestée. Pour justifier la mise en place d’un taux maximal d’alcool dans le sang plus restrictif pour les jeunes conducteurs, les auteurs du rapport mettent en avant leur manque d’expérience, leur taux d’accident et l’impact sur les temps de réaction d’une alcoolisation même légère (MaxPPP/Christophe Petit-Tesson.)

La France va-t-elle prendre exemple sur certains de ses voisins européens en imposant un taux maximal d’alcool dans le sang plus restrictif pour les jeunes conducteurs ? Dans un rapport d’évaluation de la politique de sécurité routière remis en juillet au ministère de l’Intérieur mais jusqu’ici tenu secret, les inspections générales de l’administration, de la gendarmerie et de la police nationale suggèrent de « retenir un taux de 0,2 g/l de sang (au lieu de 0,5 g/l) pour les conducteurs novices de moins de deux ans ».

Le Luxembourg, l’Irlande, la Grèce ou le Portugal ont déjà mis en œuvre cette mesure tandis que l’Allemagne, la Suisse et l’Italie appliquent la tolérance zéro alcool pour les automobilistes n’ayant que deux à trois ans de permis. Il est communément admis qu’un verre fait monter le taux de 0,15 à 0,30 g selon la corpulence. Cela revient donc à dire que même avec un seul verre, certains pourraient se retrouver dans le rouge.

« Compte tenu du manque d’expérience des conducteurs novices, de leur taux d’accident et de l’impact sur les temps de réaction d’une alcoolisation même légère, la réduction de l’alcoolémie admise pour les conducteurs novices a un sens », souligne ce rapport qui suggère plusieurs autres mesures chocs pour réduire l’accidentalité routière (voir ci-dessous). Au ministère de l’Intérieur, on parle d’un « document de travail » et l’on explique étudier « avec l’ensemble des ministères concernés certaines des pistes proposées ». Le rapport de 319 pages, que nous avons pu consulter, fait suite à une lettre de mission rédigée le 2 janvier par l’ancien ministre de l’Intérieur. Manuel Valls avait notamment demandé d’examiner « les facteurs de risques que représente la conduite sous l’emprise de l’alcool ou de produits stupéfiants ». « En 2013, les conducteurs de 18 à 24 ans ayant consommé de l’alcool étaient impliqués dans un accident sur deux entre minuit et 6 heures du matin, les samedi et dimanche », s’alarmait en début d’année le premier flic de France.

Estimant que « les actions d’éducation et de prévention routière sont conséquentes mais insuffisantes pour les 16-24 ans », les auteurs du rapport reconnaissent que cette réduction du taux légal d’alcool « serait vraisemblablement mal perçue par les conducteurs novices qui y verraient une restriction de leur liberté ». « Il est toutefois vraisemblable que leurs proches soient favorables à une telle mesure de prévention qui nécessiterait, pour être acceptée, de ménager un temps de contrôle pédagogique avant d’être appliquée strictement. » Les auteurs du rapport se demandent par ailleurs si, « en cas d’alcoolémie entre à 0,2 g/l et 0,5 g/l, il convient de retirer six points de permis, soit de fait la totalité du permis pour les novices de moins d’un an ».

Cette mesure ne fait d’ailleurs pas l’unanimité auprès de certaines associations de sécurité routière qui rappellent que « dans plus des deux tiers des accidents mortels impliquant un conducteur ivre, l’alcoolémie est supérieure à 1,5 g/l ». « Le taux de 0,2 g/l correspond à une quasi-absence de consommation d’alcool dans la soirée et non à une limitation de cette consommation », souligne ce rapport. Ses auteurs appellent à relancer la « lutte qui piétine contre les addictions au volant ».

En cas de perte de point suivez notre stage de récupération de points.

 

Evaluer post